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Le DAW, contre-productif ?
Le DAW
(Digital Audio Workstation) est apparu au début des
années 80 (voire fin des années 70 si on prend en
compte
les tous premiers essais). Il s’est très vite
développé pour connaître
l’hégémonie qu’on lui
connaît
aujourd’hui. D’abord marginal, il est devenu le
support
d’enregistrement le plus répandu.
Ses avantages en terme de workflow sont certains : on peut maintenant
éditer l’audio plus rapidement et sans risque de
s’entailler les doigts ; plus besoin de prévoir
ses mots
croisés pendant les rembobinages interminables et le rapport
espace de stockage/volume de l’appareil est quand
même
largement meilleur...
Cependant,
aussi
attrayante que paraisse l’idée
d’un nombre de
pistes illimitées avec la possibilité de
créer des
playlists des anciennes prises en vue de les éditer ensemble
(comping), la progression du DAW dans nos studio a
entraîné l’apparition de mauvaises
manies/méthodes freinant le processus créatif.
Quand on enregistre sur un magnétophone analogique
à
bande, le nombre de piste est limité (par exemple, 24
pistes).
Cela force l’équipe créatrice
à assumer le
son enregistré et donc prendre des décisions
très
tôt dans le processus, comme sommer ensemble plusieurs
sources
sur une seule piste et effectuer des traitements parfois radicaux
à la prise.
Cette méthode à de nombreux avantages. Notamment,
cela
permet de savoir en tout temps où on en est dans le
processus
créatif car on écoute à tout moment
quelque chose
proche du résultat final. Un enregistrement qui sonne comme
l’album va également jouer positivement sur le
moral des
musiciens impliqués et un musicien dont le moral est
élevé joue mieux, est plus inspiré et
donc le
résultat final n’en est que meilleur.
De plus, cela permet d’économiser de la ressource
pour le
mix, tant au niveau technique que mental, car le mixeur n’a
pas
besoin de dépenser son énergie pour que le pistes
sonnent
correctement. Il peut se concentrer uniquement sur l’impact
émotionnel de la musique, ce qui devrait être la
norme.
Pendant
l’enregistrement également, nous ne sommes plus
obligé d’effacer une prise pour en enregistrer une
nouvelle. Le résultat est souvent un empilage de pistes
enregistrées “au cas où” dans
le but
d’accumuler de la matière à trier plus
tard.
Cette manière de procéder est fortement contre
productive, surtout d’un point de vue créatif. En
effet,
cela équivaut à s’en remettre au hasard
en terme de
résultat final. La création musicale requiert de
la
concentration sur un objectif défini, une vision de
l’oeuvre (ce qui est déjà une cible
mouvante en
soi). De la même manière que le peintre
à en
tête l’image de ce qu’il va dessiner,
l’équipe de création musicale doit
avoir en
tête le résultat qu’elle souhaite
obtenir. Sans
cela, le process n’est qu’anarchie, confusion et
autres
bifurcations menant à un résultat qui va
très
certainement décevoir les attentes des artistes
impliqués.
Expliqué autrement, comment peut-on juger l’impact
d’un overdub quand la session est polluée de
pistes
qu’on garde “au cas où”, sans
savoir si on va
les garder ou non ? La réponse est simple, c’est
quasiment
impossible. Et même dans le cas où on est
à
même d’en juger l’impact sur le moment,
on se
retrouve avec une production en flux aléatoire constant.
C’est équivalent à tirer sur une cible
mouvante au
fusil en ayant maladie de parkinson : il faut
énormément
de chance pour taper dans le mille ! C’est
d’ailleurs dans
ce type de contexte que la fameuse phrase : “on verra
ça au
mix” est apparue. Aujourd’hui on en est
même à
dire : “on verra ça au mastering”...
Sans
commentaire.
La
facilitation des
fonctions d’éditing entraîne
également
l’apparition d’une maladie de plus en plus
répandue
: l’over-editing. Cette maladie conduit à
éditer
petit à petit la matière enregistrée
jusqu’à en extraire toute la vie et
l’intérêt.
Pour aller plus loin dans le même genre, tous les outils
maintenant à notre disposition pour
“corriger” la
performance des musiciens à déplacé le
pouvoir
créatif des mains de l’artiste à celles
des
techniciens. Plus besoin de jouer en rythme, il y a beat detective
pour
ça. Plus besoin de jouer/chanter juste, il y a melodyne pour
ça ! Plus besoin d’un bon instrument/ampli, il y a
tout un
tas de simulateurs/banques de sons/triggers pour ça !
Le DAW permet donc à des musiciens dont le niveau
n’est
pas du tout optimal de participer au processus créatif.
Inutile
de dire qu’il est plus long de corriger une performance
moyenne
que d’en enregistrer une bonne dès le
départ.
Surtout que le résultat final ne sera jamais aussi bon.
Attention
toutefois de ne
pas mal intérpréter mes propos ici. Je ne renie
pas la
technologie, bien au contraire. Mon reproche ne va pas à la
technologie directement mais au constat du manque de discipline dont
font preuve les acteurs du processus créatif qui en abusent
au
détriment de la musique. La tentation est grande
d’en
abuser mais si l’équipe à une vision
bien
définie, ces outils sont là pour nous faciliter
la vie.
Reste à les utiliser à bon escient...
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